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Archive pour octobre 2005

Italia mia (1)

Lundi 31 octobre 2005

L'enlèvement des Sabines - David
Si je ne voulais parler qu’un tout petit peu de moi, il faudrait au moins que j’évoque la relation ancienne et mystérieuse que j’entretiens avec l’Italie. Ancienne, car elle remonte à mon plus jeune âge, et mystérieuse car elle repose sur ce paradoxe existentiel fondamental : je n’ai aucun lien avec ce pays. Rien. Pas un gène, pas une maison de vacances. Même pas un petit quelque chose de méridional, une cousine qui habiterait à Valence. Rien de cela et même tout le contraire.Je me suis longtemps demandé d’où me venait cet intérêt. Quel en avait été le point de départ. Peut-être des histoires de la Rome antique, que l’on découvre dans les livres de la petite école. Peut-être un bric-à-brac d’impressions de gosse, mélange de paysages, de soleil, de ruines et de légendes, rapportées à ce pays étrange dont les contours dessinent une botte. C’est aussi peut-être une simple image, ou un personnage, ou une voix que j’aurais oubliés mais qui auraient impressionné mon esprit au point de l’orienter pour tout le reste du temps vers cette idée fixe.Je dois bien l’avouer également (ça me contrarie un peu d’ailleurs, car j’ai vraiment l’impression que mes attirances m’ont toujours mené par le bout du nez), j’ai appris très tôt que l’Italie avait enfanté beaucoup de ces garçons aux cheveux bruns, aux yeux marrons et à la peau mate qui me plaisaient tant, déjà tout gamin. Il y en a peut-être eu un en particulier, dans la cour de l’école ou à la télé quand j’étais vraiment jeune, mais je ne m’en souviens pas. Et je ne veux peux pas croire que ce soit ce seul aspect qui m’ait à ce point marqué. Toujours est-il qu’à l’époque, je ne connaissais rien de bien précis sur ce pays, mais j’étais au moins sûr d’une chose : il était peuplé de garçons magnifiques.Si encore on m’avait dit que le climat y était hostile, que la misère y régnait depuis toujours, je m’en serais peut-être tenu là, en me disant que c’était une consolation accordée aux malheureux Italiens de pouvoir au moins mettre au monde de beaux enfants. Mais j’apprenais qu’au contraire il faisait bon y vivre, qu’à toutes les époques on était allé y chercher l’inspiration, que la Joconde et toutes les choses brillantes et dorées qu’on voyait dans les livres venaient de là-bas…

Je n’avais donc pas dix ans quand je décidai que l’Italie était le paradis sur terre.

Conscient que ma capacité d’action était limitée par mon jeune âge, j’ai alors entrepris un vaste travail documentaire, à base de «Tout l’univers» et des quelques Astérix de la fratrie, pour préparer le jour où je pourrai m’embarquer pour la terre promise. Les choses sont devenues plus sérieuses à partir de la quatrième, quand les cours de latin où l’on évoquait ces mœurs étranges, ces histoires mythologiques obscures et libidineuses et ces récits de guerriers courageux m’ont donné l’impression d’aborder enfin pour de bon les bases du sujet.

A la même période, dois-je encore avouer, je me souviens d’une amie qui avait des origines italiennes et un frère très beau. J’ai passé des années à admirer ce type qui faisait partie des grands, ce qui ajoutait bien sûr à son prestige et à son inaccessibilité. Prestige et inaccessibilité : il était l’incarnation de ce que l’Italie représentait toujours pour moi. Bien sûr, quand on est gamin et pas trop bête, on met au point des plans tortueux au possible pour approcher ses idoles et je me suis donc mis à l’oeuvre. J’ai logiquement fini par discuter avec lui de temps en temps. Je crois d’ailleurs qu’il m’aimait bien, ce qui me confortait dans l’idée qu’il y avait bien quelque chose de compatible entre ce qu’il représentait, et moi.

Mais ce qu’il y a de plus étonnant dans ce désir d’Italie, c’est que j’aurais été bien incapable de dire ce que je désirais vraiment, concrètement. Etait-ce une ville ? Un monument ? Les traces d’un personnage que je voulais suivre ? Je n’en sais vraiment rien. Dans le souvenir qui m’en reste, ça ressemblait plutôt à une espèce de nostalgie, au sens propre, pour un paradis perdu…

Une telle mythologie personnelle et enfantine peut-elle survivre à l’âge bête ?

Truc de trentenaire (réponse)

Vendredi 28 octobre 2005

La mysterious miss est bien Soleil Moon Frye, qui jouait Punky Brewster dans la série éponyme.

punky

Elle a maintenant 29 ans, si mes sources sont exactes.

Un grand bravo à Nicolas qui gagne le droit d’être en tête dans ma liste de liens*, avec une mention flatteuse si j’arrive à l’intégrer proprement !

*promotion valable jusqu’au prochain jeu concours ou pour une durée maximale d’une semaine.

Truc de trentenaire

Jeudi 27 octobre 2005

Tiens, dans la série “que sont-ils devenus ?” sauras-tu trouver, lecteur, qui est cette brunette qui minaude dans son sherry-panty ?

???

Réponse dans quelques dizaines d’heures (ça c’est du teasing !)

Rodéo

Jeudi 27 octobre 2005

En ce moment, j’ai l’impression d’être Talleyrand (Charles-Maurice de).

Je crois n’avoir jamais imaginé qu’un jour j’aurais eu à me servir à ce point de toutes les ficelles de la négociation obscure, de la diplomatie noire, des méthodes interlopes pour garder un semblant de contrôle sur mon activité professionnelle.

Il faut bien dire, en préalable, que j’ai toujours éprouvé quelques penchants pour la tactique psychologique (pour ne pas dire la manipulation) dans mes relations avec les autres. Surtout quand j’étais plus jeune. Très rarement par méchanceté ou par cynisme, mais bien plus par jeu. La nature humaine et sa diversité m’ont toujours passionné et il y a quelque chose de grisant à voir que ce qu’on avait déduit de telle propriété de telle âme placée dans tel contexte critique provoque tel précipité que l’on avait prévu.

C’est un peu comme de la chimie. Sauf que la variété des réactions d’une âme est bien plus vaste et moins évidente que celle des molécules. D’ailleurs, et c’est là que cela devient amusant, il vaut toujours mieux doubler un calcul par un second, chargé de catalyser le cataclysme au cas où ça parte en sucette.

Bref. Je me suis donc beaucoup exercé à cela. J’ai enrichi mes compétence par quelques années de philo, de longues observations (on a du temps libre quand on fait une fac de philo !) et de multiples conversations. Car vraiment ce loisir me venait d’une vraie curiosité et d’un intérêt philanthropique pour l’autre que moi. Chaque fois qu’un ami réagissait différemment de moi en face de la même situation, j’étais fasciné par cet enchaînement de pensées qui avait abouti un résultat différent. Du coup je creusais, je questionnais. Je le fais toujours du reste. Vraiment, j’aime la nature humaine.

Le problème, c’est qu’à un moment donné, je me suis donné l’impression d’être kasparov devant son échiquier. A force de tout considérer en tant qu’observateur-expérimentateur, j’ai ressenti l’impression de perdre cette spontanéité qui rend, quand même, les relations humaines plus pétillantes.

Ca a l’air un peu bête comme prise de conscience, mais je me souviens que cela a constitué un vrai tournant dans mes relations aux autres. J’ai réalisé qu’à force de jouer à ce petit jeu, j’avais pris un peu trop de recul par rapport à la vraie vie, et qu’il fallait que j’y revienne. J’ai compris qu’il était vital de conserver autour de soi un certain nombre de personnes pour lesquelles sa propre âme serait totalement sincère, franche, abandonnée. Par bonheur ces gens étaient déjà là, il ne me suffisait que d’être moi-même, ce qui n’est pas si simple, et j’avoue que cela m’a fait un bien fou.

Je pris conscience également qu’il fallait garder un peu de candeur face celui que l’on rencontre et que l’on découvre, si l’on veut préserver une goutte d’émerveillement et surtout éprouver encore un soupçon d’empathie pour ses congénères.

J’ai donc rangé mes tubes à essais psychologiques au placard pour profiter pleinement de ce que j’avais appris, en me disant que je pourrais toujours les ressortir dans des circonstances extrêmes. Mes quelques années d’entreprises m’ont juste donné l’occasion d’entretenir les principes de bases.

Mais depuis plusieurs semaines, alerte rouge oblige, c’est devenu de la haute voltige. Je sens que le vent tourne et j’essaie de faire en sorte d’être toujours là quand il aura fini de tourner. Passer la peur du danger, qui en l’occurence ne consisterait finalement qu’à devoir changer de boulot, il ne reste plus qu’à essayer de trouver du plaisir dans ce qui constitue quand même un exercice anxiogène et éprouvant.

Au programme, donc : double langage, vraie fausse confidence, lapsus pas tout à fait involontaire, rencontre pas tout à fait fortuite, révélation organisée, détournement de soupçons, accusation tacite, règlement de compte par intermédiaire, décrédibilisation par l’extérieur des appuis de l’adversaire, flagornerie éhontée, infiltration du camp ennemi, mail tomawak contre coup de fil scud, effet domino de délation, proposition d’une main et dégommage de l’autre, etc. Le tout en essayant de ne pas dépasser les frontières de la loyauté. Question de principe, mais exercice périlleux.

J’exploite aussi des réseaux obscurs pour obtenir des tuyaux. Je me souviens d’une conversation surréaliste avec un «informateur» du camp des damnés, à la machine à café, où lui et moi parlions en regardant droit devant nous, comme des ventriloques, pour passer inaperçus. Le délire ! J’avais l’impression d’être Amanda dans «Les deux font la paire».
amanda

Voilà pourquoi je me donne en ce moment l’impression d’être Charles-Maurice de. C’est épuisant, d’autant que ce n’est rien d’autre que le pot de fer contre le pot de terre. Et pour quel résultat ? Rien de phénoménal, mais je parviens à garder la tête au-dessus de l’eau, à préserver un peu de respectabilité et d’autorité, ce qui n’est quand même pas négligeable quand d’autres ont abandonné la partie.

Et puis, il faut voir le bon côté des choses, ça change de la routine, et ça, ça me plait :-)

PS : tout cela me rappelle également un petit livre savoureux sur le jeu complexe de la diplomatie, Saint-Germain ou la négociation de Francis Walder, si ça vous chante.

walder

Jouons un peu

Lundi 24 octobre 2005

Hum… une bonne grosse sale journée de boulot, qui annonce une bonne grosse sale semaine de boulot… de quoi partir sur le bon pied…

Pas de panique, dans ces cas-là il faut se vider la tête en faisant quelques parties sur isketch : le pictionary en réseau assez rigolo :

isketch

PS : Magie du direct : la machine à laver vient de tomber en rade…

Rainbow warrior

Dimanche 23 octobre 2005

Oh la la… difficile de tenir le rythme d’un blog bien entretenu… Et pourtant, mille sujets de verbiage me sont venus en tête ces derniers jours, mais manque de temps, manque de tranquilité enfin voilà quoi…

Bref, hier, nous somme allés là :
Affiche

Ben oui, on n’est pas des bêtes, mais un peu quand même, et quand il y a du battage et de l’appâtage, je me laisse tenter assez facilement. J’y suis donc allé, en faisant passer E. pour mon stagiaire (coup d’œil entendu de l’attaché de presse…). Et finalement c’était plutôt sympa. Ca ressemble à une grosse foire un peu bordélique, où les marchands de baignoires ou de bagnoles gay-friendly (allez comprendre…) ne sont pas très loin du stand d’une maison de prod de films pornos et d’un démonstrateur en réflexologie plantaire.

Bonne ambiance, également : il n’y avait ni le côté gay pride que E. redoutait, ni le côté “gay gay consommez !” qui avait été reproché aux premières éditions du Salon, et le dosage entre associatifs et commerciaux était plutôt bien assuré. Pas trop de trucs pour les nanas, ai-je entendu au détour des allées, et mais je ne suis jamais très objectif pour juger de cet aspect.

Par contre, je suis toujours assez dubitatif devant les expos d’”art gay”… les moulages taille réelle de mecs à poil, les posters géant de types qui bandent sous leur slip ou les totems tribaux mais un peu phalliques quand même, c’est pas la classe ! Je n’ose pas imaginer les intérieurs de ceux qui achètent ça ! Mais bon, il faut bien attirer le chaland…

Concrètement, nous ne sommes donc pas rentrés chez nous avec un apollon en plâtre, ni avec une Smart, ni un bain bouillonnant, on a juste papoté avec quelques exposants sympas (le mec de gayprovence est a-do-rable ;-)) et ramené un bon kilo de prospectus, catalogues et autres brochures, et quelques échantillons de capotes high-tech à essayer !

A la sortie, on distribuait des tracts contre le consummérisme et le marketing gay. J’ai trouvé ça plutôt sain finalement. Le fait qu’apparaisse ou que se développe une branche révolutionnaire en marge des mouvements “mainstream” est à mon avis un signe de maturité. Enfin, je me comprends.

D’ailleurs pour tout dire, il me semble que ce Salon, à travers “l’affaire des affiches” aussi cogitée ou marketing qu’elle ait pu être, a quand même provoqué une petite agitation plutôt utile au débat, en donnant une visibilité inédite aux joies simples de la vie homo. La première fois que j’ai vu ces placards in situ après toutes les polémiques qui avaient précédé l’affichage, je suis resté pensif sur l’évolution des mentalités depuis dix ans qui aboutissait quand même, bonant-malant, à ce qu’un événement, à la base non-revendicatif, décide d’illustrer sa campagne de pub dans le métro (pas dans la presse branchée, pas dans le milieu, dans le métro) par des bisous entre hommes ou filles. Un bisou tout bête, pas spécialement esthétisé, pas outrageusement ostensible (on lisait dans Le Monde : «ils s’embrassent avec volupté», je trouve ça un peu exagéré) et presque simplement prétexte dont l’impact sur la foule me paraît cependant bien plus percutant que d’autres images ou messages militants.

L’arrachage des affiches et les tags sont assez de preuves, je crois, de la charge atomique qui réside encore dans un simple bisou homo. Les gens sont à peu près habitué à ce qu’il y ait un gay dans leur série du samedi, qu’il y ait deux types qui habitent ensemble au cinquième, tous ont intégré qu’il est un peu ringard de stigmatiser les homos, et que d’ailleurs des gens très bien en sont vous savez…

Mais le bisou, le simple bisou tout con, ça fait encore chier : trop c’est trop, là c’est de l’exhibitionisme, allez faire vos cochonneries ailleurs… Le décalage est incroyable dans la démesure des réactions face à ces représentations amoureuses somme toute assez simples, alors qu’il y a quelques années, on pouvait contempler en 4 par 3 une nana post-violée ou une autre à poil et à quatre pattes dans un champ, sans que je me souvienne avoir entendu des réserves de la régie pub de la RATP.

L’un des mérites de ces affiches arrachées aura donc été de matérialiser concrétement le rejet qu’inspire encore une simple intimité homo, alors que beaucoup pensent maintenant que les gays sont bien intégrés partout et qu’à la rigueur ils jouent exagérément le refrain de la victimisation.

Ca me fait penser à ce qu’un mec du Mans (Le Mans qui a conçu une charte d’accueil gay friendly pour ses boutiques) nous expliquait hier au Salon : des commerçants hétéros qui avaient choisi d’adhérer à la Charte et donc collé l’autocollant sur leur vitrine avaient été surpris de les retrouver arrachés le matin, ou leur devanture tagguée ou eux-mêmes insultés. Ainsi avaient-ils pris conscience d’une violence contre les homos dont ils ne soupçonnaient simplement pas l’existence. Si des Parisiens, en voyant cela s’en rendent compte également, un petit pas supplémentaire aura été franchi, non ?

Bon, allez, il ne faudrait pas croire que je sois un ultra-militant, c’est plutôt le contraire. Mais bon, font chier quand même tous ces connards !

Allez, retour dans le concret : je rappelle au lecteur dissipé et oublieux que j’ai toujours un squatteur dans ma future maison, et que je suis bien décidé à le persécuter jusqu’à ce qu’il se barre !

Y’a un mec qu’habite chez moi !

Mercredi 19 octobre 2005

Non non, ce n’est pas du tout ce que tu crois, ami lecteur. Moi j’habite avec un mec, çà on est d’accord, mais là c’est l’horreur : y’a un mec qu’habite chez moi ! Y’a un squatteur dans mon futur appart !

Je contextualise : j’ai signé une promesse de vente pour un appart coquet en juillet dernier. On s’y voyait déjà dans nos salopettes de bricoleurs, à repeindre les murs et à briquer la tomette de notre petit chez nous. Ensuite ça a un peu trainé, des histoires de papiers, de cadastre etc. Mais bon, rien de grave et finalement mon notaire m’a envoyé la convocation en bonne et due forme : signature le 20 octobre à 8h30.

Cet après-midi, je passe à ma banque, retirer mon chèque d’un peu moins d’un million de francs, normal, tout est ok. Je suis dans les startings blocks.

Et là, sale histoire. E. m’appelle : il est passé devant le futur nid douillet, dont il a vu une fenêtre ouverte. Pire : il est entré et monté jusqu’à la porte, et là, bizarre bizarre : deux serrures flambant neuves.

Ouh la la. Moi je me la joue rassurant : c’est l’agence qui a tout bien préparé pour qu’on soit vraiment bien chez nous. Mais bon… retourne voir, si tu veux.

Et voilà qu’arrive le second coup de fil : en sonnant à la porte, E. est tombé nez à nez avec un mec. Mon appart est squatté !

Misère… Et moi qui pensais que ça n’arrivait que dans «PJ» sur la 2 le vendredi soir ! Le pire, c’est que visiblement le squatteur ne comprend pas bien ce qui lui arrive. Il dit avoir loué l’endroit à un type qui a dû se faire passer pour le propriétaire, qui doit faire partie d’un réseau louche. C’est possible. A moins qu’il sache très bien ce qu’il fait là. Comment savoir ?

Enfin bref, les notaires sont prévenus, je me rends sur place avec le type de l’agence, plus personne ne répond. Le propriétaire est contacté, il veut venir avec son fusil. La belle affaire ! On appelle l’huissier de la copropriété, qui passera demain constater la présence de nouvelles serrures. Après il y aura sans doute des démarches pénibles, des référés et tout un tas de procédures… Et bien sûr le rendez-vous pour la signature est reporté. Adieu tomettes, coin bureau, plantes vertes à la fenêtre…

Le bon côté de la chose, c’est qu’il vaut mieux s’en rendre compte 12 heures avant la signature que 2 heures après. Le côté moins rigolo, c’est que j’ai devant moi un chèque d’un peu moins d’un million de francs, dont je ne sais pas ce qu’il va advenir…

Tiens, si je m’achetais trois ou quatre voitures ?

Das Kind der Schokolade

Samedi 15 octobre 2005

Quoi ? On a retrouvé le mec dont la tête d’enfant illustrait les paquets de Kinder ? Ca c’est dingue ! Suis-je le seul à ne pas être au courant ? Pourquoi ne m’a-t-on pas prévenu ? Y a un truc sur l’AFP ? Que fait le service informatique ?

Bon, peut-être que l’Univers entier le sait déjà, mais moi j’ai vu ça sur un blog là puis sur la Repubblica là et la BBC là .

Et qu’apprends-je en outre ? Il s’appelle Gunter Euringer, il a 42 ans, une femme (et non, sa tête de bambin n’était pas celle d’un garçon sensible), deux enfants et il est réalisateur et voici sa tête :
kinder

Et là, il en a marre, et il balance tout dans ce bouquin publié à Munich :

kind

Où il raconte l’enfer. Pensez : petit, tout le monde vantait la beauté enfantine et les longs cils du garçonnet qui détestait déjà cela. S’il avait su…

Enfin vous voyez le genre : «Mon dieu qu’il est mignon ! Et quel âge a-t-il ? oh le petit chéri !» Sa mère, qui bosse dans la pub, ne résiste pas à présenter un cliché à qui de droit et hop : le petit Gunter se retrouve planté devant un objectif pendant des heures, forcé à sourire de sa plus belle insouciance : «j’insultais intérieurement le photographe de toutes mes forces», nous dit le traumatisé des commissures. Tout ça pour des cacahouètes, 300 marks, pour 37 ans de sourire fidèle, en tout et pour tout, «alors que tout le monde pensait que j’étais devenu riche».

Car une fois la bonne photo retenue, voici sa bobine qui s’affiche sur des millions de paquets de Kinder, en Allemagne, en Italie, en France, partout dans le monde. Kinder-Gunter devient l’icône de la marque. Après un moment de fierté, cet exhibitionisme facial le plonge alors dans un silence autiste. Heureusement, après quelques années, les hormones font leur travail de métamorphose et permettent à Gunter de prendre du recul par rapport au blondinet des chocolats. Il décide alors de ne plus en parler à personne, ni à sa femme, ni à ses enfants. «C’est par hasard que je le fais maintenant, vraiment, simplement je pense qu’il y a assez de distance à présent entre cet enfant et moi» confie-t-il. Pas de rapport, donc, entre ce coming out et la substitution de son visage par un autre depuis quelques semaines.

Eh voilà, on pensait tous que l’enfant kinder coulait des jours heureux dans le pays enchanté du chocolat et des boucles blondes, alors qu’il vivait un enfer que les people en mal de viol enfantin et autre histoires salaces et prescriptrices de ventes envieraient.

Surtout qu’il raconte les sordides manipulations de la tentaculaire multinationale : «ils ont retouché (la photo) presque tous les ans; des choses vraiment minuscules mais perceptibles : ma paupière droite a été légèrement soulevée, les cheveux reteints, les lèvres plus roses et le sourire toujours plus blanc.» ARgh, les monstres…

Voyez plutôt (le gamin version 3 fait plutôt peur…) :
gunter

Et je me suis rendu compte que l’histoire de ce type, et aussi le scandale de son récent remplacement faisait cliqueter bien des touches, notamment en Italie sur ce site rigolo qui réclamait, avant même de connaître son vrai nom, le retour de Gunter sur les emballages.

Marrant ça :
adam

et d’autres sur leur site bambinokinder.

La danse des canards

Vendredi 14 octobre 2005

Bordel de bordel de bordel de merde… je commence à en avoir plein les gola de ce taf à la con… Enfin ce n’est pas vraiment le taf, je l’adore ce taf, mais c’est l’ambiance mortifère qui règne autour de nous depuis un moment. On stagne, on ne sait pas où l’on va, je ne sais pas si je dois partir ou attendre, accroché à mon rocher comme je le suis actuellement.

Tout cela me donne un peu, au fond, envie de partir, de voir autre chose. J’aimerais bien, j’adorerais faire un truc plus militant, plus homocentré, si j’ose dire. J’avoue que ça n’avait jamais été une préoccupation auparavant, mais là ça devient une envie.

Parce que, en marge de ce que je fais ici, je passe quand même mon temps à m’informer sur l’actu homo, sans pouvoir exploiter ce fonds de connaissance. Il y a plein de choses que j’aimerais appronfondir, comme l’exécution des deux jeunes Iraniens, où le retour du poil dans l’esthétique gay, contrairement à ce qu’affirmait un papier ridiculement obsolète et prémâché du Monde il y a quelques temps. Ca, ça m’interesse, parce que c’est intinséquement moi, ça me concerne. C’est complétement différent que d’attendre et commenter le score des élections en Allemagne. Enfin, je me comprends.

«Et pourquoi n’exploites-tu pas ces connaissances encyclopédiques au sein de ta propre publication ?» me direz-vous, étonnés et incrédules… Eh bien parce que personne ici ne sait que je suis de la boutique.

Voilà j’avoue tout : je suis une ignoble honteuse professionnelle ! Arfff ! Ce n’est pas vraiment que je le cache, on n’est pas dans le BTP et je sais bien que je ne suis pas le seul ici, mais je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de le dire, et plus le temps passe et plus ça devient dur, et plus ça devient comme chez les Marines : don’t ask, don’t tell…

De plus, comme je suis insospettabile, comme disent les gays italiens (ce qu’on peut traduire dans notre lexique français par “look hétéro”), je ne peux même pas souhaiter que les apparences aient avoué pour moi.

Donc à moins de faire une tonitruante sortie de placard dans ces locaux et avouer mon grand intêret pour l’homoparentalité et les crèmes de jour, je ne vois pas comment je pourrais exercer ici mes talents, et quand bien même je le ferais, je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup d’espace pour les exercer. La donne est alors très simple : ou je reste et je continue, ou je pars vers de nouveaux horizons, rainbows mais incertains.

Bref, il va falloir que je prenne bientôt des décisions importantes, et je compte bien décider rapidement à quelle date je déciderai officiellement de prendre ma décision.

Mouais, je vois le genre…

Je pense donc je swim

Mardi 11 octobre 2005

Ce week-end, j’ai fait quelque chose d’assez pratique : j’ai appris à nager. Voilà, évidemment vous allez me dire que c’est un peu tard et même un peu tarte de ne pas savoir nager à 28 ans, et je suis bien d’accord avec vous, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’avais décidé de prendre ce problème au sérieux.

Car c’est un vrai tracas dans ma vie, que dis-je ! une brisure, une ampution, un manque lorsque j’essaie de me considérer avec un peu de recul pour tenter d’avoir une idée générale de moi. Et j’avoue qu’il y a quelques années encore, je n’aurais même pas osé en parler, fut-ce sur un journal intime fermé par un petit cadenas sous une lame de plancher sous mon lit. C’est dire…

J’étais en CP. On doit avoir 5 ou 6 ans en CP. Je n’aimais déjà pas beaucoup la piscine, mais ni plus ni moins que les autres activités sportives finalement, ben oui, j’étais déjà homo en CP…

Le bassin était en pente douce, du petit au bain moyen. Je me suis avancé en jouant à nageotter jusqu’à me rendre compte que j’étais loin du bord, et que je n’avais plus pied. Je me suis débattu pendant un temps qui m’a paru des heures jusqu’à ce que l’instit vienne me tirer par le bras. En repensant à la scène, je visualise toujours cela d’un point de vue très dramatique : des mètres d’eau, moi seul au milieu du bassin… mais j’imagine que pour un témoin adulte sur le bord de la piscine, il n’y avait à voir qu’un gamin qui patauge un peu bruyamment à 2 mètres du rebord…

Enfin moi je mourrais. Et cette conne d’instit m’a engueulé pour m’être trop éloigné ! 23 ans après je trouve toujours ça cruellement dingue de se faire engueuler parce qu’on meurt ! Et le traumatisme est resté.

Malheureusement pour moi, je n’ai jamais appréhendé le contact avec l’eau, ce qui m’a souvent conduit à plonger par exemple dans un étang en me disant que j’arriverai bien à m’en sortir; tout en regrettant cette pensée une fois ma dixième tasse avalée. Je me souviens aussi m’être retrouvé au milieu du grand bain d’une piscine à vagues quand le mécanisme s’est déclenché : je me souviens m’être objectivement demandé si ces quelques minutes de houle où je me suis cramponné de toutes mes forces à un matelas de mousse n’allaient pas être les dernières…

Bref, trop de demi-noyades éprouvantes et j’ai décidé de ranger l’eau au placard. Je ne voulais plus entendre parler des piscines des copains, des virées en bord de mer, je décrètai que les journées à la plage étaient une occupation de ploucs un-point-c’est-tout.

Mais j’ai toujours conçu cet inadéquation avec l’eau comme un déficit dans ma puissance d’agir, si je peux parler en Spinoza. Et qui dit déficit en puissance d’agir dit tristesse. Or la tristesse est mauvaise. Donc j’avais une faille à combler. CQFD.

Et en même temps, depuis quelques années, j’avais repris goût aux bords de mer, avec les amis. Il y a quatre ans, nous sommes partis en Espagne. Mais attention, j’avais prévenu : pour moi, les vacances, c’est de l’urbain, du musée, de la découverte de spécialités citadines. Et la Costa Brava : pouah !

Malheureusement, il y a chez le sachant-nager une attirance inimaginable pour toutes les étendues d’eau, surtout lorsqu’elles sont très bleues et très chaudes. Ainsi donc, dès la frontière franchie, mon pote a braqué le volant plein Est pour atteindre Cadaquès, et ils étaient trois à hurler leur impatience de coller leur cul couvert de nylon dans l’eau salée. C’est à ces moments-là, alors que l’on ressent des sentiments exactement contraires à ceux de ses camarades, que l’impression d’inadéquation est la plus forte.

Et nous nous sommes donc forcément retrouvés devant la flotte. Impossible de me défiler, à moins de passer pour un dingue. J’ai donc décidé de lâcher le morceau. Un bout seulement, pudeur oblige. Disons que je flippe dès que je n’ai pas pied. En même temps, ma dernière baignade était tellement loin derrière moi que je n’avais plus d’idées exactes de mes capacités. Et là, c’est un peu comme un coming out, en tout cas le mien. On se rend compte que les autres s’en foutent, et qu’on se faisait une montagne de pas grand chose. Et surtout qu’on est pas le seul, puisqu’une nana avec nous m’a rassuré en m’expliquant sans complexe qu’elle nageait comme une pierre. Bref, ceci évacué j’ai coulé des jours magnifiques dans ce petit port de pêche, en redécouvrant les joies de la trempette. J’ai par la suite de moins en moins boudé les virées maritimes, alors que mon petit complexe était de plus en plus connu de mes proches, et que je n’avais plus besoin de faire semblant. Du coup, l’idée de prendre le problème au sérieux en prenant quelques cours m’est revenue, et j’avoue que j’en ai même fait une espèce de défi à moi-même, un seuil à franchir pour me prouver que j’étais capable d’être résolu.

Voilà donc comment, quelques années après ce voyage en Espagne, et de multiples hésitations, quand même, je me suis retrouvé dans cette piscine pour apprendre à être bien dans l’eau, et vaincre l’idée obsédante que la profondeur était synonyme d’étouffement, de tasse et de mort. En 48 heures, je ne suis pas devenu un dauphin, mais je crois que j’ai gagné en assurance dans mon rapport avec l’eau.

Et, pour tout dire, je suis assez fier de moi.