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Archive pour janvier 2006

Don’t cry for me

Mardi 31 janvier 2006

Argentina

Pour moi (moi que tout ce qui rappelle la fuite du temps plonge illico dans la mélancolie), ce projet d’une famille argentine est complètement morbide !

Une seule conclusion s’impose : plus tard on arrive dans la filiation, plus on est mignon ! (ça marche avec moi aussi :cool:)

PS : hier c’était mon centième post en ligne ! Je n’ai pas vu le temps passer…

Faites ce que je dis…

Lundi 30 janvier 2006

Dimanche, au hasard d’un petit zapping matinal, je suis tombé sur “Paris C les modes”, l’émission cheapos tendances présentée par Emmanuel de Brantes. Je m’attarde un peu, en grignottant ma brioche confiturée, et voilà t-y pas qu’en fin d’émission apparaît Michel Chifres, qui dirige, je crois maintenant la rédaction du Figaro Magazine. Bon, je trouve ça un peu étrange. C’est comme si un journalistes des Inrocks venait faire une chronique à la fin du journal de l’économie sur LCI.

Thème du petit billet de Michounet : la politesse. De mémoire, cela commence comme cela : “Bonjour, merci, au revoir : écoutez bien ces mots car ils sont en voie de disparition.” Mouais, on a déjà une idée de ce qui va suivre. Ca ne manque pas : plus personne n’est poli, tout le monde est indifférent, et raconte-t-il, lui-même a récemment médusé une serveuse en finissant sa commande par un “s’il vous plait” qui, à l’en croire, n’avait plus été entendu dans cette gargotte depuis belle lurette. Soit.

Ce qui m’a empêché de bien digérer ma brioche confiturée, c’est que j’ai rencontré pour un entretien, au cours de ma petite carrière journalistique, le monsieur en question. Et je suis encore frigorifié par le souvenir de cette rencontre. Sa secrétaire m’a dit bonjour, mais pas lui. Il m’a serré la main sans me regarder. Et ce dont je me souviens, c’est qu’il a été pour le moins distant pour ne pas dire plus.

Finalement c’est toujours la même chose, et c’est comme mon (ancien) journal : faites ce que je dis, pas ce que je fais.

Der des ders

Samedi 28 janvier 2006

Il faut quand même que je raconte cette dernière journée, parce que j’étais rudement content.

Je m’étais déjà occupé de débarrasser la paperasse et les choses encombrantes le week-end dernier. J’ai donc seulement consacré ma matinée à nettoyer scupuleusement mon ordi, pour ne leur laisser aucune trace de moi. J’ai sauvegardé mon carnet d’adresse, quelques mails importants, mes favoris, quelques images de calendriers hollandais que j’ai dénichées, et qu’il faudra que je poste à l’occasion… Tout le reste, à la corbeille.

C’est assez fastidieux, en fait, et d’ailleurs cela ferait un bon sujet de papier pour un journaliste de l’Expansion ou de l’Entreprise : que faire avant de quitter définitivement son bureau.

Et puis, en fin de matinée, les mails de départs. Ceux qu’on reçoit de temps en temps en cours d’année, sans trop imaginer le moment où son tour viendra, et surtout, comment ont fait les autres. Moi j’ai choisi de faire des mails personnalisés, par catégories. Collaborateurs extérieurs, collaborateurs, collaborateurs proches, équipe. «Je quitte aujourd’hui… Merci pour ces belles années… pour notre travail ensemble… espère vous recroiser bientôt… tenez bon… toujours joignable à ce numéro…» Larmes au yeux. Petite pause respiration aux toilettes.

J’avais tellement la tête dans le guidon ces derniers jours que je n’avais pas spécialement prévu de festivités pour mon départ. D’autant que je ne me voyais pas trinquer avec la nouvelle dream team de crétins occupants. Donc nous avions juste convenu avec la petite équipe historique d’au moins déjeuner ensemble pour nous dire au revoir. Nous nous sommes donc dirigé vers un petit resto un peu plus délicat que nos cantines habituelles, sur proposition de l’un d’entre nous. Bon, pour tout dire, quelques minutes avant de nous mettre en route, j’avais bien compris qu’il y aurait quelques personnes en plus, que ce serait une petite surprise en somme. J’étais déjà touché de l’attention.

Mais je ne pensais pas que nous serions une quinzaine. L’équipe bien sûr, et puis quelques autres, des vieux de la vieille de la maison, ceux qui m’ont tout appris. Certains que l’on arrive pas à avoir pour déjeuner sans réserver deux mois avant. D’autres qui sont délocalisés mais qui sont venus pour cette dernière petite heure ensemble. Bordel de bordel de bordel, j’ai vraiment failli chialer trente-cinq fois, à m’en bouffer les lèvres.

Et puis un cadeau et tout et tout, un beau cadeau pour que j’aille prendre un peu l’air ailleurs. Oh la la… Merci merci.

Ce qui m’a fait le plus chaud au coeur, c’est de voir que mon équipe tenait à moi. Celle que j’ai engueulé, celle que j’ai secoué, celle que j’ai fait bosser le week-end, la nuit, dans des conditions pas toujours très précises, celle qui aurait pu me bouffer sur place dès lors qu’elle m’a senti affaibli. Non, je les ai sentis aussi triste que moi. J’en viens à penser que je me suis pas mal démerdé avec eux. J’ai été un bon chef. J’en suis très fier.

Voilà on se sépare. Non je ne remonterai pas voir les parachutés, je préfère partir sur ce bon moment. Oui, oui, bien sûr on se rapelle bientôt. Allez, bises à tout le monde, bonne chance à tous, ne vous rendez pas malades. Bon vent.

Et me voilà seul sur le boulevard.

Ça y est !

Vendredi 27 janvier 2006

Yes

Plus de journal, je suis chômeur !

Comment ça j’en fait trop ? :-)

La nettoyeuse en est

Jeudi 26 janvier 2006

«C’est bon, vous avez tout bien compris ? Alors on va reprendre chaque page. Vous signerez là, là et là.
— Là aussi ?
— Non, ici vous paraphez. Ca va ? Ce n’est pas trop dur ? Vous étiez là depuis combien de temps ?
— Cinq ans
— Ah mais j’avais dû m’occuper de votre embauche alors. Moi ça fait seize ans. Mais d’ailleurs, je ne serai plus là quand vous viendrez chercher votre solde de tout compte. Je m’en vais.
— Ah bon ? Vous partez… de votre plein gré ?
— Comme vous. Depuis que mon chef est parti (poussé vers la porte également NdlA) c’est l’horreur, ça n’a plus rien à voir.
— Pareil. Mais c’est vraiment l’hécatombe !
— Oui. Signez là aussi, avec “Bon pour accord”. Je ne reconnais plus la maison. Et la liste des départs n’est pas encore finie à mon avis.
— C’est vrai qu’avant on se sentait dans une maison. Plus maintenant. Attendez, je vérifie…
— Encore, vous avez de la chance qu’il vous ait dispensé de préavis. Avec moi il a réglé ses comptes en m’obligeant à faire mes trois mois ! Eh oui ! On se dit à peine bonjour maintenant. Voilà parfait. Bon je vous rappelle la semaine prochaine. En attendant, un conseil : faites un break, partez ! Le contrecoup n’est pas toujours évident !»

Ca alors ! La propre assistante du DRH qui me fout à la porte s’est auto-foutue à la porte parce qu’elle n’encadre pas son nouveau boss ! Mais c’est une mise en abîme ! Je rêve.

Ce qui est dingue, c’est que cela ne se passe pas chez Moulinex, ou dans une usine de filets de poulets. Ca se passe dans un canard plutôt connu qui éditorialise, qui réthorise à tour de bras sur l’avenir du monde, des entreprises, des Français, sur ce qu’il faut faire et ne pas faire pour que ça marche ; alors que dans ses propres bureaux, depuis des mois, les gens baissent la tête dans les couloirs, chuchottent dans les ascenseurs, se font convoquer, intimider, humilier.

Enfin, je m’en fous à présent. Demain, à midi, c’est la quille.

Spinoza mon amour

Mercredi 25 janvier 2006

Ethique en deux volumes

Depuis quelques jours, je fais passer des citations de Spinoza en haut de la barre de navigation. Ça fait classe, non ?

Il y en a quelques unes qui défilent à présent. Mais la toute première fait partie de mes devises (enfin les autres aussi d’ailleurs, mais je ne les connais pas toutes par coeur) : «Mais tout ce qui est beau est difficile autant que rare».

C’est la dernière phrase de L’Ethique, le bouquin central de Spinoza, qui conclut un chemin tortueux à travers les concepts de joie et de connaissance, pour schématiser.

En fait, ma dope spirituelle, ce n’est pas la scientologie, ce n’est pas le bouddhisme du petit véhicule, non non non. Moi, c’est Spinoza. “Maître à penser”, c’est un peu sectaire, mais il y a de cela. Et ceci depuis ma deuxième année de philo, plus précisément depuis la fin de cette deuxième année.

Je me souviens. L’Ethique était au programme de philo morale et j’ai passé l’année entière à essayer de comprendre ce truc qui est quand même, au départ, imbitable. Peu à peu, d’ailleurs, cette bonne volonté s’est transformée en rejet, car je ne comprenais pas que l’on fasse une philosophie aussi peu compréhensible. C’était une espèce d’obscurantisme, voire d’anti-socratisme, pour le petit péteux que j’étais.

Ne pas comprendre un philosophe entraîne une sensation très caractéristique de malaise : on ne se sent pas bien dans ses concepts. On sent qu’on ne pourra pas élaborer soi-même une phrase qui se tienne, parce que les mots utilisés sonnent creux à l’esprit. Et quand c’est comme ça, et qu’il y a des partiels à la fin de l’année, il n’y a pas 36 solutions : il faut apprendre des explications toutes faites, et essayer de les réutiliser en les adaptant, sans trop prendre de liberté avec.

En un sens, c’est comme le html, ou le php, ou les CSS. Il y a ceux qui manipulent le code et qui peuvent inventer de nouvelles choses, faire du hors-piste, parce qu’ils comprennent le fond du fonctionnement. Et il y a ceux qui, comme moi, prennent des bouts de code à droite à gauche et les copient-collent en changeant quelques paramètres, et en croisant les doigts pour que ça ne fasse pas tout péter.

J’en étais donc là quelques temps avant les partiels. Et puis, un jour, alors que nous révisions avec une amie dans son appart, en vidant des théières à la suite (je m’en souviens), en nous creusant la cervelle, en discutant : bing ! J’ai compris un concept. C’était la puissance d’agir, je crois. Et là, choc, illumination : j’ai compris ! J’ai repris mon bouquin et j’ai repris les phrases de l’Ethique, et là : transparence ! Les concepts se livraient à moi et s’enchaînaient comme des dominos qui tombent. Une sensation hallucinante de clairvoyance. Une révélation.

J’ai donc abordé le partiel avec sérénité, et je crois d’ailleurs que j’ai assuré. Car, en plus de les comprendre, j’ai réalisé qu’un grand nombre de ses concepts se rapprochaient de ceux que j’avais moi-même modestement élaborés, dans ma petite philosophie de la vie. Drôle d’impression. J’entamais une sorte de dialogue à 400 ans d’écart, et lui affinait mes intuitions, leur donnait un nom, faisait des liens entre toutes. Il m’a servi sur un plateau le conatus, la puissance d’agir, la persévérance dans l’être. De vrais lego tout bien carrés qui s’imbriquent parfaitement et permettent de construire des systèmes conceptuels géniaux… En tout cas bien plus sophistiqués que mes propres tâtonnements… Le panard, quoi.

J’ai laissé un peu tout cela de côté en licence, mais il était entendu que je me frotterai à nouveau à lui en maîtrise.

Le problème, lorsque l’on veut faire un mémoire original et sympathique sur Spinoza, c’est que 500 personnes auparavant ont déjà eu la même idée. A la bibliothèque, la profondeur du tiroir de petites fiches reprenant tous les travaux sur le sujet était assez vertigineuse. J’en ai donc logiquement bavé pour trouver un nouveau point de vue, traversant d’ailleurs quelques montées d’angoisse, mais je crois que cela en valait la peine.

Car la rédaction de ce truc m’a procuré un plaisir intellectuel incroyable. C’était sucré, délicieux, charnel. L’Ethique est, en deux mots, une longue montée en puissance de concepts métaphysiques très froids d’abord, qui s’impliquent les uns avec les autres peu à peu jusqu’à provoquer des conséquences d’abord pratiques, ou morales, puis, comment dire, eudémonistes, pour me la péter, ou nirvanesques pour mieux me faire comprendre. Enfin, admettons.

Et là, il s’est passé un truc extraordinaire. Comme mon travail sur l’oeuvre était plutôt linéaire, c’est-à-dire que je tournais les pages jour après jour, je progressais lentement sur cette pente, mettant une brique l’une sur l’autre. Alors que j’arrivais vers la fin, j’ai commencé à ressentir une intensité intellectuelle plus forte car tous les concepts se mettaient à produire leurs effets. Dans les cinquante dernières pages, les phrases se raccourcissent, car tout devient évident. Le rythme devient plus rapide. Une impression de feu d’artifice continu qui s’achève en bouquet final.

Cela montait encore en charge quand, tout à coup, au détour d’une nouvelle proposition, vlan : je lâche prise, sentiment extatique et jouissif d’être absolument dépassé et d’embrasser en même temps l’envergure de ce dépassement. Voilà, en d’autres termes, j’ai pris mon pied. Il m’a fallut ensuite quelques secondes pour réaliser ce qui venait de m’arriver. Une expérience métaphysique diront certains mais pour moi c’était mieux que cela : un orgasme philosophique !

Évidemment, j’en vois sourire, ça paraît un peu débile. Mais je n’avais jamais ressenti cela avant. D’ailleurs je ne l’ai jamais plus ressenti après, même en DEA, quand j’ai remis le couvert.

Du coup, cela crée des liens. Entre ma conversion façon Saint-Paul et mon extase à la Sainte-Thérèse, il me semblait assez évident que j’étais en phase avec ce type. J’avais ma chapelle. Il ne me restait qu’à intégrer le clergé qui lui était dévoué, ce qui fut fait lorsque ma directrice de mémoire, dont je vénérais le docte spinozisme, flanquée de deux autres cardinaux de l’Ordre, me félicita pour mon travail. Elle prononça cette phrase, qui sonna gravement dans la salle d’initiation : «vous m’avez appris quelque chose de nouveau sur l’œuvre de Spinoza». J’en étais tout secoué, mais n’en montrait rien, chevalier à genoux que j’étais, ci-devant adoubé par cette papesse sexagénaire et savantissime. C’en était fait : j’appartenais à la loge.

Désormais, mes vieux bouquins, sur lesquels j’ai laissé du café, des cendres de clopes, des traces de canettes et peut-être même des taches de graisse de kebab, sont sur mes étagères. Mais j’essaie de les relire de temps en temps. Parce que la philosophie de Spinoza est éminemment pratique sous ses aspects abstraits. C’est d’ailleurs son abstraction qui lui permet d’être pratique, en s’adaptant aux problèmes de tous les jours et de toutes les époques. Elle est simple et fondamentale. En ce qui me concerne, elle m’a réellement permis de me réconcilier avec mes questions sur le monde et le reste, sur les autres, sur moi. J’ai la chance d’être sorti de mon cursus de philo en me disant que j’y avais trouvé ce que je cherchais, en tout cas pour ma vie quotidienne, au milieu de l’univers. Nous ne sommes pas nombreux dans ce cas, je crois. J’en suis sorti heureux.

Maintenant, il m’arrive d’y repenser lorsque je me trouve face à un dilemme, un cas de conscience, une baisse de forme. Lorsque, par exemple, mon taf commençait à me bouffer de l’intérieur. J’ai même arrêté de fumer grâce à Spinoza («Un affect ne peut être réduit ni ôté sinon par un affect contraire, et plus fort que l’affect à réduire.»)… et à quelques patches…

Voilà pourquoi je le garde toujours dans un coin de ma tête, et qu’ainsi je l’ai mis dans un coin de ma page. Notez bien qu’il n’a pas besoin de ça pour se faire connaître, car il est plutôt dans l’air du temps depuis quelques années. Ce n’est d’ailleurs pas forcément un bien, car beaucoup d’auteurs médiocres et populistes s’en réclament pour justifier leurs thèses simplistes et débiles. Mais c’est la rançon de la gloire, celle-là même qui fit de Nietzsche, il y a quelques années encore, l’emblème de toutes les causes, et pas les moins contradictoires.

Dernière ligne droite

Lundi 23 janvier 2006

Mes histoires de sortie de taf avancent doucement. Je n’en parle pas trop, à cause d’une superstition maladive qui consiste à ne pas évoquer un succès tant qu’il n’est pas absolument certain.

L’ultra big boss moins 1 a demandé à me voir sans me dire pourquoi. Jusqu’au moment de le voir je ne savais toujours pas ce qui allait se passer. J’ai craint la confrontation et l’intimidation pour me pousser à démissionner plutôt que d’arranger mon départ. Mais quand je lui ai serré la main, j’ai compris qu’il avait compris. Il savait ce qui se passait.

Il s’est excusé de ne pas s’être impliqué davantage dans la restructuration de mon service, recueillant maintenant les témoignages du sacage qui s’y déroule. De mon côté, je lui ai dit ma tristesse de devoir quitter une maison pour laquelle j’avais beaucoup d’affection, mais aussi à quel point les six derniers mois avaient transformé cette affection en désamour profond, au point que je veuille partir le plus vite possible.

Ensuite blabla blabla, je n’entends que du bien sur vous blabla, regrette votre décision, blabliblabla toujours difficile de voir partir un bon élément… Mouais, il n’était pas le premier à me servir cette soupe, mais quand même, pour la première fois depuis six mois, j’ai eu l’impression d’entendre quelqu’un de sincère.

Je lui ai dit que je dirigeais une équipe depuis plusieurs années, à laquelle j’étais attachée et que je ne pouvais plus supporter la façon dont cette équipe était traitée à présent. A ce moment, c’était trop fort, ma voix s’est étranglée au fond de ma gorge. J’ai cru que je ne pourrais pas finir ma phrase. Je me suis surpris d’être aussi ému. Lui aussi je crois. Ca fait un peu chochotte, mais bon, c’était sincère (je n’ai pas sanglotté comme une Marie-Thérése non plus !).

Enfin, nous avons compris tous les deux que l’affaire était entendue.

Nous avons ensuite parlé du service, banalement. Sauf que je n’en faisais déjà plus partie. J’étais sur le seuil d’une maison dont je confiais les clés. Et derrière lui, c’est comme si la porte vers l’extérieur était maintenant grand ouverte, avec le vent, le froid.

Je suis sorti hagard de son bureau. Je ne devais pas avoir très bonne mine dans le bus. Et arrivé à la maison, j’ai craqué dans les bras de E., chialant comme je n’avais pas chialé depuis bien longtemps. Je venais de rompre officiellement. Cinq ans de maison et six mois de tension matin midi et soir qui arrivent à leur terme. Le divorce est consommé.

Le reste est maintenant de l’ordre de l’intendance…

Message de service

Lundi 23 janvier 2006

Un petit imbroglio ce matin : des commentaires laissés ici et là ont soudainement disparu. J’ai d’abord cru à une mauvaise manipulation de ma part, mais il s’agissait en fait d’un excès de zèle de mon anti-spam qui juge louche plusieurs commentaires déposés trop vite, et les blackboule.

J’ai fait des réglages mais si vous constatez un truc bizarre, faites-moi signe. Il y a plus de chance que ce soit un problème technique qu’un méchant caviardage de ma part.

Qu’est-ce qui est gros, rouge et qui vole ?

Dimanche 22 janvier 2006

Je viens de lire un truc sur gay.it qui me remue l’esprit critique…

Franchement, on commence à les connaître ces lancements ultra-scénarisés, au marketing surtesté et calibré, pour promouvoir un bon gros blockbuster des familles.

Et quand le blockbuster en question coûte 200 millions de dollars, j’ai tendance à penser que tous les contrats sont blindés par une armée de juristes pour que rien ne soit dit sur le film qui ne soit sévèrement contrôlé par qui de droit. Alors quand j’entends quelques révélations rigolotes et prétendument off, je me dis tout de suite que ça n’a rien d’innoncent et qu’on est plutôt sur le terrain du marketing viral que sur celui de l’investigation journalistique.

Mais j’ai décidé d’assumer mon rôle de nigaud qui tombe dans le panneau et de colporter à mon tour l’information incroyâââble en question qui concerne cela :

Slip

Le slip de Superman, et celui qui le porte, Brandon Routh. D’après The Sun, et une source bien informée, comme on dit, la production aurait rencontré un problème inattendu lors du tournage du nouveau Superman. En effet, moulé par le costume, l’entrejambe de l’acteur aurait dévoilé des proportions très avantageuses, à tel point que les producteurs ont estimé que cela pourrait distraire le spectateur. La source ajoute que les costumiers ont dû équiper l’acteur d’une coquille adaptée, mais surtout qu’il faudra peut-être faire usage d’effets spéciaux pour cacher l’engin, s’il était trop voyant à l’écran.

Mouais. Du coup j’ai vu l’info reprise sur pas mal de sites anglais, après l’avoir vu sur ce site italien. A mon avis, ils ont trouvé un très bon moyen de transformer ce qui était plutôt un handicap (le côté “Superman se balade en slip par dessus ses collants”) en avantage (”oui mais quel slip !”). En plus ça permet de faire connaissance avec le nouvel acteur, et de lui donner une personnalité pipole bien catégorisable, pour favoriser les conversations chez le coiffeur (Le nouveau Superman ? ah oui ! il paraît qu’il a une bite énorme !).

Moi, je ne le trouve pas terrible. Malgré les collants, ses jambes ressemblent à des poteaux, et je n’aime pas trop sa tête qui fait décidément trop… Superman.

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Et puis de toute façon je m’en fous, gros paquet ou pas, je n’irai pas voir ça.

Speculoossions

Samedi 21 janvier 2006

Partir à deux, c’est quand même une espèce d’épreuve de vérité. Ca ne m’est pas arrivé souvent, finalement, et ça s’est parfois mal terminé. La promiscuité du matin au soir, les envies parfois divergeantes, les frustrations qui deviennent des aigreurs qui deviennent des bouderies… Avec E., tout s’est bien passé et nous sommes revenus de Bruxelles aussi amoureux que nous sommes partis. Ouf !

Certaines choses sont quand même venues sur le tapis, que nous n’évoquons pas ou plus forcément à Paris. En fait, E. fait une espèce de phobie urticante dès qu’il s’approche d’un rainbowendroit, pour des motifs qui me paraissent un peu prétextes et pas toujours fondés. D’après moi, on peut aller dans un rainbowbar pour boire une bière, sentir un peu l’ambiance, mater gentiment sans chercher forcément un coin sombre pour s’empiler. En d’autres termes, ça peut être sympa. Mais je crois que pour lui, le seul poids des regards est presque vécu comme une agression, tout en étant, et c’est là que ça se complique, très excitant. Bref, y’a de l’attraction-répulsion dans l’air.

Tout cela pour dire que je serais bien allé dans quelques repaires à copines, juste comme ça, pour boire un coup, mais, en dépit de mon extrême subtilité, je n’ai pas pu rallier E. à mon panache rose. Même l’idée d’aller Chez maman, qui au début l’enthousiasmait, a provoqué peu à peu une paralysie très étrange. Ce qui a laissé flotter une petite amertume dans l’air pendant quelques heures. Un peu de frustration de ma part, un peu d’introspection, me semble-t-il, de la sienne.

En même temps je n’en fais pas tout un plat. J’ai quand même fait mes classes en matière de milieu et de vie gay avant de connaître E. Je n’en suis donc plus à être attiré par des endroits que je regrette de ne pas connaître. Et puis, à part des moments hormonalement critiques ou des envies d’aventure, je n’ai jamais été très présent dans le milieu, traînant depuis toujours plutôt avec des hétéros. Mais justement, le fait d’être deux, maintenant, me redonne un peu envie de partager ces quelques extravagances dont il me semble parfois ne pas avoir assez profité. En plus, pour la première fois de ma vie, je sais que je pourrais le faire sans concupiscence dangereuse car je suis comblé.

Enfin bref. Il faut de toutes façons savoir composer. Mais je vais quand même continuer de le travailler au corps…

Toutes ces questions métaphysiques mises à part, nous avons tout de même eu la chance d’avoir trois jours de magnifique soleil au-dessus de la capitale belge. Le souhaiter en plein janvier aurait frisé le pari pascalien. Enfin, je me comprends. Et le reste de nos occupations touristiques s’est passé pour le mieux. Nous sommes même tombés par hasard sur la boutique de biscuits Dandoy, et je me suis souvenu que Nicolas m’avait recommandé leurs petites langues au thé. Effectivement, elles sont délicieuses, et les speculoos sont également à tomber !