Vu sur le Corriere
L’Italie en a marre. L’Italie n’en peut plus, l’Italie a décidé de sévir.
C’est amusant de voir la variété des faits de société, selon les pays. En Angleterre, il y a les teenagers bourrés qui vomissent partout le samedi soir, en France il y a la surconsommation d’antidépresseurs…
Et bien, en Italie, il y a les mecs qui arrivent tôt sur la plage et qui réservent des emplacements pour toute la famille en disposant deux, cinq, dix serviettes… Résultat : dès 8h30 le matin, des smalas moins prévoyantes ne trouvent plus aucune place pour poser leurs fesses blanches et celles de leurs bambins. Scandale national ! Il faut trouver une solution pour rétablir l’égalité des droits au bronzage !
Alors des municipalités ont décidé de sévir. Sur une plage de Ligurie par exemple, un pépé de 83 ans vient de recevoir une amende de 1 032 euros, pour avoir disposé dès six heures du matin des serviettes pour toute sa famille, qui dormait encore. Motif du procès verbal ? Occupation abusive du sol domanial. Et les amendes de ce genre pleuvent en cette période estivale.
Ça paraît dingue, mais c’est en fait le problème du peu d’espace laissé aux plages libres qui se fait cruellement ressentir. Les plages de la Péninsule, surtout bien sûr celles des régions touristiques, sont largement « privatisées » par des établissements balnéaires, qui proposent location de transats et parasols, mais aussi piscines ou autres attractions. Ces plages privées s’étendent de plus en plus, à perte de vue, ne laissant que des petites parcelles de plages dites « libres », souvent farcies de gobelets pourris et autres mégots, à ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas payer. Du coup, le centimètre carré de sable gratuit vaut de l’or !
C’est assez déroutant pour le touriste français, par exemple, qui a l’habitude de pouvoir tremper ses pieds dès qu’il voit la mer. En Italie, il faut parfois marcher un bon moment pour trouver un chemin « libre » vers l’eau, et éventuellement poser sa serviette, juste là où il reste de la place, là, à côté de la poubelle qui déborde.
Eh oh ! Je ne voudrais pas que l’office du tourisme italien me tombe dessus ! Il y a aussi des plages libres grandes et magnifiques ! Enfin sans doute… En tout cas, à Ischia, on avait notre petite plage libre et quasi-déserte juste en bas de la maison, une merveille de dolce vita !