J’espère que ce sera plus stable que chez Free. Bonne nouvelle : j’ai réussi à récupérer les anciens commentaires. Mais pas encore tous les fichiers du blog première époque.
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Comme prévu, le prince des collines a fait le mort. Et moi j’ai traîné tard, sous la flotte en attendant qu’il appelle. En buvant des verres ici et là. Ça ne fait pas très longtemps que j’assume d’aller boire un wiskhy ou une vodka, seul, dans des rades plus ou moins chics ou pourris, près de la rue Saint-Denis, de Sébastopol, de Rambuteau. De faire partie de ce paysage de la nuit. D’être le mec improbable au comptoir, celui dont on se demande ce qu’il attend, ce qu’il conspire. Pourquoi il est là à feuilleter Libé devant un whisky glace à minuit et demi. Mais il me semble que maintenant j’ai l’âge et le blason pour assumer cette posture. La vie un peu meurtrie, un peu paumée, l’élégant désenchantement qui sied au personnage.
Et puis je suis reparti. Un doute à mi-chemin. Après tout rien à perdre, j’appelle. Sonneries puis messagerie. Ça sent l’aiguillage vers les encombrants.
A quoi bon, finalement. Je ne sais même pas ce que j’attendais de lui. Dans mes souvenirs, il n’était déjà plus un corps, pratiquement plus un visage. Je sais juste que j’aimais son sourire. Ce qui n’est sans doute pas innocent. J’ai peut-être besoin que quelqu’un me sourie. En l’occurrence, que quelqu’un veuille bien partager mes jeux de gamins, d’espion, de détective. Veuille bien coller sa peau contre la mienne. Ses cheveux au creux de mon cou. Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment envie d’autre chose.
J’ai rappelé le lendemain, avant que ça vire au bourbier. Comme prévu, je suis tombé sur la messagerie pour lui dire que je n’avais pas envie d’être pénible, et que je n’appellerai plus. Désolé si je l’avais fait flipper. Que j’avais passé un bon moment avec lui, une nuit incroyable. A lui de voir à présent.
Voilà.
Voulez-vous vraiment effacer ce numéro ?
Oui.
Et voilà comment un truc clean, lisse, propre se transforme en un bon gros plan pâteux qui colle aux godasses. En gros, une soirée à ne pas savoir s’il va appeler, et à me demander ce qu’il me reste à faire s’il n’appelle pas. J’aurais au moins voulu savoir à quoi il ressemble quand il est habillé…
Samedi, je me désespère d’avoir perdu la trace du prince des collines, rencontré par un hasard divin au milieu d’une boîte à cul.
Dimanche, pareil.
Lundi, je décide d’engager une vaste campagne d’autocollants dans son quartier, puisque, parmi les quelques choses que je sais de lui, il y a sa station de métro. Je placarde donc allégrement mon message, avec une adresse mail dédiée, en essayant de quadriller méthodiquement le secteur.
Mardi, je désespère toujours de ne rien trouver dans la boîte mail en question. Au bureau, pris d’une espèce de transe mystique, je décide de me replonger dans Google et d’y passer le temps qu’il faudra pour retrouver sa foutue trace. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que c’est possible. Croyez-le ou pas, en une heure, j’avais un nom, un mail et un numéro de portable. Un petit coup de fil bien placé, et on me confirme que le portable va bien avec le nom. C’est déjà ça. J’appelle… et c’est bien lui. Il hallucine, autant que moi d’ailleurs, qui ne boude pas mon plaisir de passer pour un journaliste enquêteur de premier ordre.
C’est là que ça devient subtil : évidemment, j’aurais aimé qu’il dise : ah c’est génial que tu m’appelles, on se voit quand ? En l’occurrence, j’ai l’impression qu’il est assez heureux de m’entendre, en dépit du procédé qui peut passer pour très cavalier. Je lui dis que ce serait bien qu’on boive un verre pour faire le débriefing, il me dit volontiers, il garde mon numéro. Moi j’en reste là, je ne veux pas être lourd. Déjà qu’il doit se demander si je n’ai pas torturé deux ou trois membres de sa famille pour avoir son téléphone, bref, si je ne suis pas un cinglé psychopathe.
Psychopathe ? Horreur ! Je repense avec effroi que j’ai laissé une trentaine d’étiquettes portant son prénom et mon désespoir dans toutes les rues de son quartier. Autant je priais la veille qu’il tombe dessus, autant je contre-prie désormais pour qu’il pleuve un déluge qui décollerait ces foutus traces de mes idées obsessionnelles ! Parce que là, si ça m’arrivait à moi, je crois que j’achèterais vite une bombe lacrymogène et une chaîne de sécurité pour ma porte d’entrée…
Préoccupé, je quitte donc le bureau plus tôt pour retourner sur les lieux de mes méfaits. Il y a malheureusement nettement plus de monde que la veille, et j’ai bien l’air con à vouloir arracher mes propres étiquettes, qui d’ailleurs se laissent à peine arracher. Dans les lieux très fréquentés, en fin conspirateur, je fais semblant de téléphoner pour donner l’impression que je gratouille machinalement et sans y penser ces petits papiers. Pas mal, non ? Enfin, c’est n’importe quoi. Je me concentre sur les plus voyantes, et j’abandonne les autres, en cherchant des arguments pour me persuader qu’elles étaient de toutes façons mal localisées, soit exactement le raisonnement inverse de la veille. C’est assez dévastateur pour un esprit s’appuyant comme le mien largement sur l’intuition. Bref.
Donc maintenant j’ai le numéro de ce type, dont je ne sais même pas s’il me l’aurait laissé sur place, vendredi soir. Il peut très bien avoir envie de laisser un gouffre entre sa vie de la nuit et celle du jour. Et je peux le comprendre. Je dois l’appeler pour lui proposer un verre. Et autant je déborde d’idées quand il s’agit de faire n’importe quoi, autant je suis complètement flippé à l’idée de mal utiliser ce tout petit avantage. Je flippe de l’appeler, et qu’il me dise : non pas ce soir, on se tient au courant, ce que je prendrais pour une éviction sans en être tout à fait sûr, ce qui ne manquera pas de provoquer en moi de nouveaux stratagèmes tordus.
Faut-il que je laisse un peu de temps, que je l’appelle demain, ou vendredi ? Faut-il que j’insiste s’il commence par décliner, alors que je ressens quelques scrupules à en savoir désormais bien plus sur lui que lui sur moi ? Faut-il que je lui dise clairement que j’aimerais bien qu’on finisse ce qu’on avait commencé ? Sachant que je ne suis plus très sûr de savoir à quoi il ressemble ? En fait, est-ce que je ne crains pas que toutes ces péripéties, finalement assez rigolotes, s’achèvent par une impasse, finalement un peu tristoune ?
Bordel, je rêve ou je suis en train de retomber en adolescence ?
Chanj pa snèv, c com ça kon t’m ! laché vos com
Et lui qui disparaît. Je ne sais pas pourquoi, parce que comme un con de fier, je gardais un peu de distance ? Parce qu’il a cru que j’étais parti ? Parce qu’il en avait eu assez ? Et moi sur mon tabouret à siffler mes whiskies, à attendre, à scruter. Avec comme souvenir un prénom, un quartier, une odeur.
Je n’avais pas ressenti ce vague à l’âme mêlé à la colère de l’impuissance depuis très très longtemps. Complètement saoul, j’ai dû battre des records de vitesse à vélib en rentrant à tout berzingue en gueulant des putain de putain de putain d’ô rage ô désespoir.
Pour finir dans mon lit, à faire des rêves hallucinants de monceaux, de barrages qui lâchent, d’histoire d’amour. Et ce matin, je trouve du chewing gum sur ma cuisse. Le souvenir d’une nuit hors du temps.
Pas de doute. C’était bien l’endroit le plus improbable pour se dire : waouh.
Ps 1 : Très bizarre d’écrire ce genre de trucs.
Ps 2 : Cette scène n’a sans doute pas été tournée où vous pensez qu’elle l’a été. Ce serait trop prévisible.
]]>Le pire, c’est que je suis tellement horny, tellement tellement horny, que rien que ça m’a mis les hormones au plafond…
C’est le printemps…
]]>Je me dis : il est peut-être temps d’avoir envie d’autre chose, de pratiquer autre chose, au moins pour un instant. Je me dis : il vaut peut-être mieux danser sur les cendres de tout cela. Je me dis : profite. Enfin, essaie de profiter.
]]>Maintenant que j’arrive à y penser à peu près sereinement, je peux dire que cette rupture a été la plus grosse bombe atomique émotionnelle qui ait pu m’exploser à la gueule. Avec des doubles, des triples, des quadruples effets kisscool, qui laminent jusqu’au fin fond. Je veux bien croire que mon corps ait sonné le tocsin pour me rappeler qu’à un moment, il fallait choisir de vivre ou de mourir. Il y a quelques mois, j’aurais bien dit : pourquoi pas mourir ? Mais ressentir mon corps travailler contre lui-même m’a un peu remis les idées en place. Alors bien sûr : vivre, vaille que vaille, même si ça ressemble au fond du gouffre. En ces circonstances, comme dirait mon psy (aah ! je peux enfin utiliser cette phrase socio-déterminante !) sous sa pathologique apparence, mon corps fait plutôt bien son travail.
Médicalement parlant, tout n’est pas terminé. Re-prise de sang, et re-mon cul à la longue vue dans un mois. On verra bien. En attendant, j’essaye de rebondir. Je joue un peu des coudes pour me refaire un peu de place à la surface, parmi tous les autres. Prendre un nouveau départ, ce n’est pas une mince affaire, après quatre ans de vie fusionnelle. J’ai bien envie de retourner un peu dans le milieu, de m’encanailler à nouveau. Si ce n’est pas constructif, ça donne au moins l’impression de vivre. Voir de nouvelles têtes, découvrir de nouvelles vies. Envie aussi de faire un peu n’importe quoi. Finalement c’est le moment, puisque je n’ai plus de compte à rendre. Partir deux jours à Rome, faire le tour des basiliques majeures, et finir à Saint-Clément, pour vénérer Mithra. Vraiment n’importe quoi.
Et pourquoi pas ?
]]>Je ne sais pas encore bien ce que c’est que c’est que cette maladie, si c’en est une, mais ça m’a foutu une bonne grosse claque. Parce que c’est encore vraisemblablement lié au stress. Mon corps me parle. Il ne me parle que comme ça, ou plutôt c’est la seule façon qu’il trouve pour se faire entendre. En s’attaquant à lui-même, en dégénérant, en s’emballant. Avant, je ne faisais pas bien le rapport. Maintenant je comprends. Je prends ça tout de suite au sérieux. J’aurais presque envie de m’excuser auprès de lui d’avoir introverti contre moi-même autant d’angoisse, de désespoir, au lieu peut-être de laisser s’échapper toute cette bile. Tout de suite, j’ai cédé, et c’est entendu : il faut avancer.
Restent ces tracas. Le toubib m’a dit : c’est peut-être la seule crise que vous ferez de toute votre vie. J’ai donné à cette phrase une valeur presque mystique. Oui, il faut que ce soit la seule crise de toute ma vie. J’ai compris le message. Il faut que je laisse aller le trop plein. Il faut que je me recentre sur moi.
Ceci dit, si vous connaissez un psy fantastique, un hypnotiseur incroyable, un acupuncteur qui fait des miracles, je suis preneur du coup de main !
Je parle à demi mots, mais je parle quand même. Alors à suivre.
]]>Quand je pense à tout cela, je ne sais rien faire d’autre que jeter des points d’interrogation aux quatre vents. Car cela m’échappe, tout simplement.
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